dimanche 18 mai 2008

L'école perdue

L'école perdue de Tahar Ben Jelloun, chez Gallimard (Folio Junior). A partir de 10 ans.


La fable est belle, les phrases perlées, l’intention des meilleures mais que ça reste une gentille fable enfantine… infantile ?

Je suis tentée de continuer sur la facilité de la récupération des thèmes vendeurs et sur mon aversion pour les moralisateurs prennent nos enfants pour des simples… simplets ?


Non, non ! Promis. J’arrête !

3 commentaires:

Unknown a dit…

Pas d'accord avec votre critique. Je reviens d'une zone rurale du Sénégal. Ben Jelloun décrit avec brio une réalité tangible. Il s'agit d'un livre rare permettant d'aborder le problème de l'école dans les pays du Sud avec des jeunes de 10 à 14 ans. Sans angélisme, avec vérité, sans simplisme non plus.

Unknown a dit…

Pour en savoir plus sur la zone rurale dont je parle ci-dessus allez donc voir cet article

Djoz a dit…

André, merci de nous faire découvrir Malem-Hodar et le travail précieux qui s'y fait. Je comprends que vous êtes militant, donc à la fois dans la réflexion et dans l'action. Je sais aussi que Tahar Ben Jelloun, par l'écriture, milite à sa façon pour dénoncer les abus dont il est témoin. Mais il arrive un moment où la dénonciation n'est plus suffisante. Il me semble qu'il serait grand temps de passer dans l'action et la qualité de sa plume pourrait être bien plus efficace si elle proposait des pistes d'actions (par le biais de la fiction, puisque c'est l'exercice auquel il se prête).

Je reconnais deux erreurs à mon actif à propos de mon commentaire : me satisfaire de dire mon agacement sans plus de précisions et me positionner dans ma lecture en tant qu'adulte. Je suis dans un espace qui s'adresse d'abord aux enfants et je devrais rester à leur niveau d'apprentissage et de découverte. Mea culpa... Mais puisque c'est lancé, continuons notre discussion entre adultes...

Les campagnes d'informations d'origines diverses ont déjà largement dénoncé la réalité de l'exploitation des enfants par le travail. Donc, nous savons. Nous savons et nous nous contentons de déplorer hypocritement la situation en continuant d'acheter les produits incriminés parce que c'est la mode quand il s'agit d'entreprises internationales, ou que c'est bon marché. On paie donc pour la marque ou le prix attractif. Je pense que la lutte en Europe et dans les pays riches devrait se situer à ces niveaux-là. Si les gens n'ont pas suffisamment de conscience pour modifier leur comportement ni assez de volonté pour résister aux pressions médiatiques, les militants qui ont dans ce domaine quelques pouvoirs doivent s'atteler à faire évoluer les mentalités. Regardez ce qui se passe au niveau de la publicité marchande : elles est actuellement orientée vers deux catégories de public : les hyper-consommateurs qui cèdent à toutes leurs pulsions et dans ce cas, les messages sont directs (voire carrément primaires) du style "Achetez ce machin, il est plus efficace que ce bidule" ou "Offrez-vous ça et votre voisin aura l'air d'un con (sous-entendu : vous paraîtrez plus intelligent aux yeux de tous)" ; et la nouvelle catégorie de consommateurs sensibles à la protection de l'environnement et qui se fait tout autant piéger, le message est juste un peu plus subtil et les produits proposés, différents.

Les consommateurs, toutes catégories confondues, sont sensibles à l'effet de mode. Si c'est là leur seul point commun, alors allons-y ! Trouvons le moyen pour que les grandes marques qui exploitent les enfants paraissent ringardes aux yeux des consommateurs, ridiculisons les produits bon marché à la faveur de la qualité ! Que le cinéma propose des scénarios basés sur cette réalité, les médias suivront. Que les écrivains créent des fictions avec des personnages plus offensifs, que les journalistes osent se positionner pour servir une cause honorable, que les instruments enrobent les textes engagés, que les webmasters recensent les lieux de discussions et de réflexions, que les associations militantes se regroupent, que ..., que... Je ne sais pas ! Mais qu'on bouge, bon sang !
Retourner une pensée collective de cette façon n'est peut-être pas très honorable ; c'est faire face à l'ennemi après lui avoir piqué ses propres armes.C'est aussi bien peu considérer la collectivité, quoique là, encore, nous pourrions longuement débattre sur l'intelligence des masses. Alors on peut toujours -comme vous le faites, et comme je le fais à ma façon- contribuer à l'éveil individuel. Mais avons-nous le temps ? Si ça trouve, la crise identitaire qui commence à émerger règlera le problème différemment.

C'est donc dans cet esprit sensibilisé et combattif que j'ai pris le livre le Tahar Ben Jelloun. Malgré la belle écriture, je l'ai refermé dans la déception et le découragement. Rien de plus qu'une dénonciation déjà bien réchauffée. Rien de constructif... et désolée de vous contrarier, André.